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TEMOIGNAGES. Donald Trump, Kamala Harris, ou aucun des deux ? Huit électeurs expliquent leur choix pour la présidentielle américaine
2024-11-04
À quelques jours du scrutin présidentiel américain, franceinfo donne la parole à des électeurs de tous horizons qui ont déjà fait leur choix ou qui hésitent encore. Certains restent fidèles à leur parti tandis que d'autres ont changé de camp récemment. Leurs espoirs, leurs peurs et leurs attentes face aux deux principaux candidats, Kamala Harris et Donald Trump, sont au cœur de ce reportage.

Des électeurs aux motivations diverses

Amy Wudel, une républicaine qui soutient Kamala Harris

Amy Wudel, une professeure de Pilates de 47 ans en Arizona, se considère comme une républicaine conservatrice. Cependant, elle a décidé de voter pour Kamala Harris, la candidate démocrate, en raison de son rejet catégorique de Donald Trump. Pour cette mère de famille, l'ancien président républicain est un homme "narcissique", "moralement dégénéré", aux propos "racistes" et "misogynes", qui "ment constamment" et "se vante d'agresser sexuellement des femmes". Elle craint qu'une réélection de Trump ne conduise à l'émergence d'une "autocratie". Bien qu'elle ait des désaccords avec Kamala Harris sur certains sujets, comme l'intervention du gouvernement ou le droit à l'avortement, Amy Wudel estime avoir davantage de points communs avec elle qu'avec le Parti républicain actuel.

Cristina Livingston, une Colombienne naturalisée américaine qui votera pour Kamala Harris

Cristina Livingston, une employée d'ONG de 59 ans à Miami, votera pour Kamala Harris principalement par rejet de Donald Trump, qu'elle juge "inapte" à être président, notamment après l'assaut du Capitole. Bien qu'elle reconnaisse que le républicain "n'a pas complètement tort sur l'immigration", elle juge sa rhétorique et son plan d'expulsions massives "extrêmes". À l'inverse, elle estime que les démocrates sont prêts à prendre des mesures à la frontière tout en permettant une immigration légale. Cristina Livingston est convaincue que Kamala Harris "fait campagne avec de bonnes intentions" et "veut faire ce qu'il y a de mieux pour le pays".

Phil Bell, un Afro-Américain conservateur qui soutient Donald Trump

Phil Bell, un consultant en politique de 43 ans en Virginie, a grandi dans une famille conservatrice et admire Donald Trump depuis son enfance. Il apprécie le "sens des affaires" et le fait que l'ancien président "ne veut pas [lui] imposer son point de vue". Partisan d'une dérégulation économique, d'une baisse des impôts et de la privatisation des services publics, Phil Bell approuve également le programme anti-immigration et isolationniste de Trump. Il fait davantage confiance à ce dernier qu'à Kamala Harris pour tenir ses promesses de campagne.

Zakir Siddiqi, un musulman qui votera pour l'écologiste Jill Stein

Zakir Siddiqi, un gérant de café de 26 ans en Arizona, a voté pour Joe Biden en 2020 "comme un moindre mal" face à Donald Trump. Mais le début de la guerre à Gaza, après les attentats en Israël en 2023, a marqué un tournant. Cet Américain de confession musulmane refuse désormais de voter pour Kamala Harris, qu'il juge trop proche d'Israël. Il soutiendra plutôt l'écologiste Jill Stein, qui selon lui "parle clairement de génocide" et "du problème de l'impérialisme américain".

Amanda Newman, une électrice indécise qui pourrait s'abstenir

Amanda Newman, une mère de famille de 31 ans en Géorgie, se moque des partis politiques et considère que ni Donald Trump ni Kamala Harris ne répondent à ses problèmes. Elle critique le comportement des deux candidats lors des débats, les jugeant "ridicules" car "ils passaient leur temps à s'insulter, au lieu de répondre aux questions que les Américains se posent". Cette électrice, qui n'a "plus d'emploi depuis décembre", n'est pas sûre d'aller voter le 5 novembre, ne voulant "ni Harris, ni Trump à la Maison Blanche".

Estevan Manuel, un partisan de Donald Trump séduit par sa politique économique

Estevan Manuel, un entrepreneur de 28 ans en Arizona, soutient Donald Trump car il estime que sous sa présidence, "les choses n'étaient pas chères et les taux d'intérêt étaient bas". Il pense aussi au prix de l'essence, l'une de ses principales dépenses, "si bon marché sous Trump". Bien qu'il reconnaisse que certains propos de l'ancien président "peuvent sembler offensants", Estevan le considère comme "un dirigeant fort, qui placera l'Amérique en premier".

Madeline Brame, une Afro-Américaine qui votera pour Donald Trump

Madeline Brame, une analyste de données de 62 ans à New York, a voté démocrate toute sa vie jusqu'en 2018. Après le meurtre de son fils et la condamnation jugée trop clémente de ses agresseurs, elle a réalisé qu'elle partageait les mêmes valeurs que les républicains : "Dieu, la famille et la patrie". Elle votera donc pour Donald Trump, car il "veut remettre de l'ordre dans le système judiciaire américain" et s'attaquer à l'épidémie de fentanyl, qu'elle lie aux migrants clandestins.

Sarah Saucedo, une électrice qui votera pour Kamala Harris pour défendre le droit à l'avortement

Sarah Saucedo, une consultante en politiques publiques de 29 ans en Arizona, a fait un choix "simple" : voter pour Kamala Harris afin de défendre le droit à l'avortement, menacé par la décision de la Cour suprême de 2022 sur l'arrêt Roe v. Wade. Cette électrice milite pour un droit constitutionnel à l'IVG dans son État et estime que les démocrates restent le parti qui défend ce droit.
La Moldavie élit son président, entre rêve européen et influence russe
2024-11-03
Deux semaines après la victoire d'extrême justesse du oui au référendum sur l'adhésion à l'UE, les Moldaves se sont déplacés nombreux, dimanche 3 novembre, pour choisir leur président et confirmer, ou non, leur destin européen, dans un scrutin entaché d'accusations d'ingérences russes – des soupçons fermement démentis par le Kremlin.

Un choix crucial pour l'avenir de la Moldavie

Une élection présidentielle serrée et polarisante

La cheffe de l'Etat sortante pro-occidentale Maia Sandu affronte Alexandru Stoianoglo, soutenu par les socialistes prorusses, dans une bataille électorale âprement disputée. Maia Sandu est arrivée largement en tête lors du premier tour, le 20 octobre, avec 42,5 % des voix, mais son rival, qui en a recueilli près de 26 %, peut compter sur le soutien de plusieurs petits candidats. Les analystes prédisent tous une bataille serrée, reflétant les profondes divisions qui traversent la société moldave.

Des accusations d'ingérences russes

Tout au long de la journée, les autorités ont fait état « de provocations et de tentatives de déstabilisation ». La police a dit enquêter sur la mise en place présumée par la Russie de « transports organisés » vers la Biélorussie, l'Azerbaïdjan et la Turquie pour permettre aux électeurs résidant sur son sol d'aller voter dans les consulats ou ambassades moldaves de ces pays. Des cyberattaques et de fausses alertes à la bombe ont également visé les opérations de vote à l'étranger, selon la même source. Le Kremlin a fermement démenti ces allégations.

Une participation record dans la diaspora

Le taux de participation était dimanche nettement plus élevé qu'au premier tour, avec de longues files d'attente en plusieurs endroits et un nombre record de votants dans la diaspora. Les premiers résultats partiels sont attendus dans la soirée dans cet Etat de 2,6 millions d'habitants.

Des enjeux électoraux complexes

Dans l'entre-deux tours, le camp présidentiel a intensifié sa campagne sur les réseaux sociaux et dans les villages pour tenter de contrer les achats de vote massifs qui ont, d'après Chisinau, faussé les résultats du référendum, plus disputé que prévu (50,35 % en faveur du oui). Ce pays pauvre, sous perfusion européenne, est extrêmement polarisé, entre d'un côté une diaspora et une capitale majoritairement favorables à une intégration dans l'UE, et de l'autre les zones rurales et deux régions, la province séparatiste de Transnistrie et la Gagaouzie autonome, tournées vers la Russie.

Des candidats aux profils contrastés

Après avoir glissé son bulletin dans l'urne, Maia Sandu a appelé à se mobiliser « contre les escrocs », plaçant sa « confiance » dans ses concitoyens « qui ont toujours fait avancer le pays et l'ont protégé du mal ». En face, Alexandr Stoianoglo, discours lisse où les mots russes se mêlent souvent à la langue officielle roumaine, a promis d'être « le président de tous », niant « avoir des relations avec le Kremlin » et toute implication « dans des fraudes électorales ». Venu voter avec sa femme et ses deux filles, il a défendu « une Moldavie qui ne demande pas l'aumône mais développe des relations harmonieuses avec à la fois l'Est et l'Ouest ».
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Politique. Présidentielle en Moldavie : de premiers résultats placent le candidat pro-russe en tête
2024-11-03
La Moldavie, petit pays d'Europe de l'Est, se trouve à un moment charnière de son histoire. Alors que la présidente pro-européenne Maia Sandu brigue un second mandat, son adversaire Alexandr Stoianoglo, soutenu par les socialistes pro-russes, semble prendre l'avantage dans les sondages. Cette élection présidentielle revêt une importance capitale pour l'avenir du pays, tiraillé entre l'influence occidentale et l'attrait de la Russie.

Une élection sous haute tension géopolitique

Un scrutin serré et incertain

Les résultats partiels publiés dimanche soir montrent qu'Alexandr Stoianoglo, le candidat soutenu par les socialistes pro-russes, devancerait de peu la présidente sortante Maia Sandu. Après dépouillement de près de 90% des bulletins, Stoianoglo a recueilli moins de 51% des voix, contre 49% pour Maia Sandu. Cet écart étroit laisse présager un second tour serré et incertain, où le vote de la diaspora pourrait s'avérer décisif.

Des soupçons d'ingérence russe

Tout au long de la campagne, la présidente Maia Sandu n'a cessé de mettre en garde contre des "ingérences étrangères sans précédent", notamment des achats massifs de votes qui auraient entaché le référendum sur l'adhésion à l'UE du 20 octobre. La police moldave a d'ailleurs ouvert une enquête sur des soupçons d'ingérence russe, évoquant des "indices raisonnables" de transports organisés d'électeurs à l'étranger et à l'intérieur du pays. Le Kremlin a catégoriquement rejeté ces allégations, qualifiées de "graves".

Un enjeu géopolitique majeur

Au-delà des résultats électoraux, cette élection présidentielle revêt une importance capitale pour l'avenir géopolitique de la Moldavie. Coincée entre l'Union européenne et la Russie, la Moldavie est tiraillée entre deux influences antagonistes. Le choix des électeurs aura des répercussions majeures sur l'orientation du pays, qui pourrait se rapprocher davantage de l'Occident ou rester dans la sphère d'influence russe.

Des enjeux économiques et sociaux cruciaux

Au-delà des considérations géopolitiques, les électeurs moldaves auront également à se prononcer sur des enjeux économiques et sociaux essentiels pour l'avenir du pays. La lutte contre la corruption, l'amélioration des conditions de vie, la réforme du système de santé et d'éducation figurent parmi les priorités des deux candidats. Le prochain président aura la lourde tâche de relever ces défis et de répondre aux attentes légitimes de la population.

Une élection sous haute surveillance

Face aux accusations d'ingérence étrangère, cette élection présidentielle en Moldavie fait l'objet d'une attention particulière de la part de la communauté internationale. Des observateurs internationaux ont été dépêchés sur place pour surveiller le bon déroulement du scrutin et s'assurer du respect de la transparence et de l'intégrité du processus électoral.

Un enjeu de souveraineté nationale

Au-delà des considérations politiques, cette élection présidentielle en Moldavie revêt également un enjeu de souveraineté nationale. Le prochain président aura la lourde responsabilité de préserver l'indépendance et l'intégrité territoriale du pays, face aux pressions extérieures et aux tentatives d'ingérence. Le choix des électeurs aura un impact déterminant sur l'avenir de la Moldavie en tant qu'État souverain.
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